[Cinéma] Willy 1er

Willy 1er est un film que l’on dirait né de la cuisse de Strip-tease. À l’image de l’iconique programme belge, il propose une mise à nu de l’intimité d’un personnage « hors norme », ici un cinquantenaire simple d’esprit (mais non dépourvu de répartie) qui se décide, au lendemain du suicide de son frère jumeau, à quitter le nid familial pour s’installer à Caudebec, l’agglomération voisine. Avoir un appartement, un scooter, des amis, et emmerder par la même ses parents qui souhaitaient l’enterrer dans un établissement spécialisé, tel est l’ambition de Willy, incarné par Daniel Vannet, un anonyme illettré (un cahier de rébus, confectionné par les quatre réalisateurs, lui servit de mémento durant le tournage) catapulté acteur principal de cette sorte de biopic réalisé en son hommage.

« Une sorte de biopic » puisque les metteurs en scène entretiennent volontairement une forme de confusion autour de la véracité des faits évoqués, mêlant le réel (le « courage » du héros, semble t-il véridique) à l’imaginaire (le reste ?), célébrant l’esprit du vrai plutôt que la réalité des faits. Ainsi, essaye t-on de déceler la part de vérité dans cette fiction, de faire émerger l’homme tapis dérrière le personnage, bien qu’au final, on fait peu de cas de toutes ces considérations pragmatiques. Car nous ne sommes pas en présence d’un documentaire de Raymond Depardon, mais bel et bien face un film DE cinéma, avec ses codes graphiques et narratifs. La problématique du deuil, dans le rétroviseur de cette quête d’indépendance, s’accompagne ainsi d’un dispositif cinématographique qui ne cherche aucunement à s’effacer derrière la dimension sociale du récit. Bien au contraire, la recherche d’esthétisme et le sens de l’effet clip qui l’incarne – le choix de la bande-son rappelant à certains égards le Drive de Nicolas Widing Refn – s’emploient à exalter les émotions éprouvées par le personnage principal. Un regard pertinent et bienveillant qui vient soutenir l’émouvante performance livrée par Daniel Vannet.

willy_1er_photo

18 commentaires

  1. Oups… pas prems, mais alors pas prems du tout ! 😀
    J’étais passé à côté de l’ouverture officielle de ce nouveau blog.
    Bon, j’ai changé mon favori, c’est bon… et c’est parti pour un tour !

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  2. Je débarque sur cette toute nouvelle monture via un lien sur le blog de Martin. Ce film sera sans doute très mal distribué en salle mais je le retiens. Ah cette terrible émission Strip-tease, qui a fait les beaux jours de mon adolescence. Je me demande quel serait mon regard aujourd’hui sur ce type d’émission. Enfin c’est un autre sujet. Quoi qu’il en soit, bonne continuation avec ce nouveau blog !

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    • La télé-réalité, les émissions du type « Tellement vrai » ou « Confessions Intimes », c’est du strip-tease nouvelle génération. Mise à nu des personnes, des sentiments, de l’intimité, accommodé à de la thérapie. Le concept a muté.
      Merci pour tes encouragements 🙂

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