Avec Martin Scorsese en guise de caution artistique, Free Fire, septième réalisation du britannique Ben Wheatley (Kill List, High Rise) partait sous les meilleurs auspices. À en juger par le résultat, il nous est finalement permis de douter du flaire du réalisateur de Les Affranchis et Casino tant l’intérêt de cette production se limite au calibre de son casting (Brie Larson, Sharlto Copley, Armie Hammer, Noah Taylor, Cillian Murphy) et à la singularité de son postulat. Soit une transaction entre des membres de l’IRA et un trafiquant d’arme américain qui tourne à la mêlée générale après qu’un des portes flingues, ayant reconnu l’agresseur de sa cousine, décide inopportunément d’ouvrir le feu. La logique des alliances faisant son travail, chacun perd tout sens des priorités et riposte instinctivement aux tirs de l’autre. La guerre est alors déclarée, et peu importe la futilité du différend opposant ceux qui la mènent car la plus ridicule étincelle de haine est ici à même d’enflammer les plus belliqueux instincts sommeillant chez les esprits les plus étroits. Qui plus est lorsque ce genre de conflit armé est préparée à la tarantinade. Du verbe bien salé accompagné d’une garniture riche en prune et servit avec une rasade d’un rouge bien charnu, voilà ce qu’est un bon baroud cuisiné à la mode Tarantino. Alors forcément, dans sa ligne de mire, Wheatley a Reservoir dogs, auquel il emprunte son rapport unitaire au temps et à l’espace (un hangar, une nuit) et sa mise à nue de la précarité des alliances crapuleuses. Mais le résultat se présente davantage comme un sous Mise à prix, l’euphorie et l’exubérance en moins. Le réalisateur britannique, en rechignant à faire feu de tous bois et s’abandonner à la folie de ses personnages, en refusant de pénétrer les confins de son concept pour proposer une rhétorique de la fusillade où chaque balle devient une réplique prédestiné à perforer la cuirasse de son destinataire, condamne l’extravagance de son récit à demeurer à couvert. Planqué derrière sa bande de branquignoles laissée à la précision d’une distribution malgré tout sous employée, Ben Wheatley bat en retraite ; une attitude paresseuse que ce singulier projet n’appelait définitivement pas de ses vœux.
Il me semble qu’on en avait parlé sur mon blog au moment du bilan, mais plus sûr. Mais en effet, il en faut un peu plus pour me convaincre. Les acteurs permettent de sauver le film, alimentant largement le jeu de massacre. Sinon rien de nouveau sous le soleil.
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Il ne me semble pas, ayant découvert le film il y a une quinzaine de jours. Mais ravi de constater que nous tirons dans le même sens 🙂
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Ça devait être quelqu’un d’autre, peut-être Prince ! 😀
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Ta critique me donne envie de revoir le film de Carnahan; j’ai souvenir qu’il était substantiellement plus riche que ce « Free Fire », exercice de style pas finaud mais pas désagréable au demeurant.
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Effectivement, dans mes souvenirs, l’exercice de Carnahan me semble également plus fievreux que celui de Wheatley.
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